Le gouvernement gabonais a récemment réintroduit l’exploitation du kévazingo, un bois précieux très prisé à l’international, après une interdiction imposée en 2019 à la suite du scandale du « Kévazingogate ». Ce décret, entériné lors du Conseil des ministres du 31 août 2024, vise à encadrer strictement la reprise de l’exploitation de cette essence rare tout en assurant une gestion durable et responsable des ressources forestières du pays.
Un cadre législatif renforcé pour éviter les dérives passées
L’exploitation du kévazingo avait été suspendue en raison du scandale du « Kévazingogate », impliquant plusieurs autorités dans un vaste réseau de contrebande de bois.
Aujourd’hui, le gouvernement de transition a mis en place de nouvelles mesures pour encadrer cette exploitation et éviter les dérives du passé. Ce nouveau décret impose des conditions strictes, dont l’exploitation limitée à des concessions forestières aménagées durablement. Ces concessions doivent respecter les critères de gestion responsable, garantissant ainsi la préservation des ressources naturelles.
Mesures de traçabilité renforcée et lutte contre l’exploitation illégale
Pour lutter contre l’exploitation illicite du kévazingo, le gouvernement introduit un système de géoréférencement permettant de suivre la traçabilité du bois depuis sa coupe jusqu’à son exportation. Cette mesure est destinée à éviter les détournements et à assurer une transparence totale dans la chaîne de production. De plus, l’exportation des produits finis issus du kévazingo sera soumise à l’obtention d’un permis CITES, conforme aux réglementations internationales sur le commerce des espèces menacées.
Le ministre des Eaux et Forêts, le Colonel Maurice Ntossui Allogo, avait déjà alerté sur l’importance de ces mesures après la découverte, en novembre dernier, de 10 conteneurs de kévazingo entreposés illégalement sur le site d’une société à Owendo. Cet incident illustre la nécessité de renforcer la surveillance et la régulation de cette ressource précieuse.
Transformation locale et opportunités économiques
Le décret ne se limite pas à la lutte contre l’exploitation illégale. Il encourage également la transformation locale du kévazingo, un objectif majeur pour stimuler l’industrie du bois et renforcer le développement économique du pays.
En privilégiant la transformation sur place, le gouvernement espère créer de la valeur ajoutée et générer des emplois locaux. Cette stratégie vise à faire du Gabon un acteur clé dans le marché mondial des produits forestiers tout en garantissant la durabilité des forêts.
Un équilibre entre préservation et développement économique
Le retour de l’exploitation du kévazingo constitue un enjeu économique majeur pour le Gabon, où l’industrie du bois occupe une place importante dans l’économie nationale. Toutefois, les autorités assurent que cette reprise se fera dans le respect des principes de durabilité, avec des contrôles stricts pour éviter une exploitation sauvage qui pourrait menacer cette ressource déjà fragilisée.
Le défi, désormais, sera d’appliquer rigoureusement ces nouvelles règles afin d’éviter que des abus similaires au « Kévazingogate » ne se reproduisent. Les acteurs de l’industrie du bois, les ONG et les autorités devront collaborer étroitement pour garantir que cette relance bénéficie à la fois à l’économie gabonaise et à la préservation de ses précieuses ressources naturelles.
